Témoignage d’un officier bédouin musulman de Tsahal en Pologne

Publié le 2 Juillet 2013

Le voyage du peuple juif pour la liberté n’a pas été facile. Le lieutenant-colonel Falach Hayib, un officier bédouin musulman de Tsahal, a récemment choisi d’être témoin de ce combat et de partir en Pologne afin de participer au programme “Témoins en uniforme”.

Le lieutenant-colonel Hayib, âgé de 45 ans, vit dans la vallée de Jezréel avec sa femme et ses cinq enfants. Il a servi dans Tsahal pendant 28 ans et est actuellement officier dans l’unité de repérage de la division Edom, chargé d’empêcher les passages illégaux le long de la frontière sud d’israël.

Lors du programme “Témoins en uniforme”, les soldats et officiers de Tsahal sont invités en Pologne afin de commémorer et de s’instruire sur la Shoah, leur offrant la chance de découvrir la Pologne sous un tout autre angle - d’une manière que la génération juive précédente n’aurait jamais pu imaginé : fiers et en uniforme.

Cette année, lors de la dernière cérémonie du Jour du souvenir de la Shoah, l’officier du lieutenant-colonel Hayib s’est approché de lui et lui a demandé s'il avait déjà été en Pologne. Après avoir appris qu’il n’y avait jamais été, le commandant de la délégation, le général de brigade Roi Elkabatz, a fait en sorte que le lieutenant-colonel Hayib participe au programme “Témoins en uniforme”.

“Envoyez le avec nous. Un lieutenant-colonel ne peut pas sortir de l’armée sans avoir été déjà au moins une fois en Pologne”, a estimé le général de brigade Elkabatz.

Un voyage bouleversant

Le lieutenant-colonel Hayib a pour la première fois entendu parler de la Shoah quand, à l’âge de 7 ans, il a commencé a regardé l’émission de télévision “Colonnes de feu” avec sa famille. Dans ces petites séries documentaires, il se souvient qu’il avait été choqué de voir les camions à gaz, des véhicules ayant l’apparence d’ambulance mais utilisés par les Nazis pour exterminer les Juifs. “Nous avons vu les ambulances dans lesquelles les enfants étaient emmenés et par lesquelles émanaient la fumée et le gaz. J’avais demandé à mon père ce qu’étaient ces véhicules et il m’avait dit : c’est comme ça que les Nazis tuent les Juifs.”

Durant ses 28 années de service dans Tsahal, le lieutenant-colonel Hayib a vu la Shoah sous un angle différent. “En tant qu’officier, chaque chose liée au peuple juif est aussi liée à moi”, raconte-t-il.

L’opportunité de se rendre en Pologne pour “Témoins en uniforme” lui a donné une nouvelle perspective. “Lorsque vous marchez dans les camps de la mort comme Treblinka et que vous entendez les histoires qui se sont produites à l’endroit même où vous vous trouvez - vous avez la chair de poule”, explique t-il.

“J’ai vu toutes les horreurs par lesquelles est passé le peuple juif pendant la Shoah”, raconte-t-il. “Nous avons entendu des histoires extrêmement difficiles de survivants et, quand on y pense, c’est très dur d’imaginer qu’un homme ait pu faire une telle chose à un autre homme.”

Il a rappelé la difficulté d’accepter que des humains ont pu être capables de retirer toute forme d’humanité et de dignité à leurs semblables. “Il est difficile pour moi de le décrire”, a t-il expliqué en Pologne. "Hier, nous étions dans le ghetto de Lodz et ils parlaient de ce que les femmes subissaient. Les déshabiller entièrement, devant tout le monde, est l'atteinte la plus grave à ce que j'appelle la “dignité personnelle”. Ils ont été privés des droits fondamentaux des êtres humains".
Transmettre pour ne jamais oublier

Le lieutenant-colonel Hayib croit fermement que les Juifs ne sont pas les seuls à avoir le devoir de se souvenir et la responsabilité de ne pas oublier. “Malheureusement, nous entendons encore des personnes qui nient la Shoah et menacent de détruire l’État d’Israël”, explique-t-il. “En tant que soldats et civils de ce pays, nous devons être unis et forts pour protéger notre terre de tout ennemi, loin ou proche. Notre devoir : défendre notre pays.”

Pour le lieutenant-colonel Hayib, l’éducation sur la Shoah est particulièrement importante en ce moment car elle commence à ne devenir qu’un souvenir lointain. “Un survivant, nommé Yechiel, nous a rejoint pour le programme. Dans quelques années, il n’y aura presque plus de survivants donc c’est important de préserver l’héritage du peuple juif et ce qu’il a vécu”, dit-il.

Il a transmis à ses enfants l’importance de se souvenir.

“Quand je suis parti, mes enfants m’ont demandé : “tu pars voir les camps dans lesquels ils ont tué les enfants?”. Ils savent ce qu’est la Shoah”, explique-t-il.

Aller de l’avant

Maintenant qu’il est revenu en Israël, le lieutenant-colonel Hayib essaye d’appliquer dans sa propre vie les leçons qu’il a tirées de ce voyage. “J’ai appris la vraie ténacité dans les révoltes des ghettos. J’ai vu qu’ils ne renonçaient pas”.


En tant que commandant, il va de l’avant et compte transmettre ce sens de ténacité à ses soldats. “Quand vous menez un groupe de soldats, vous devez les motiver. Je veux leur apprendre que nous, soldats de Tsahal, devons défendre l’État d’Israël”. Pour lui, cette défense est à la fois un droit et une responsabilité dans lesquels il s’investit. “Je pense que les Juifs ont le droit de se défendre sur la terre d’Israël.”

(Article publié le 30 juin 2013 sur le site de Tsahal)

Le lieutenant-colonel Hayib au programme "Témoins en uniforme"

Le lieutenant-colonel Hayib au programme "Témoins en uniforme"

Le lieutenant-colonel Hayib

Le lieutenant-colonel Hayib

Le programme "Témoins en uniforme" envoie chaque année des centaines de soldats et officiers de Tsahal en Pologne

Le programme "Témoins en uniforme" envoie chaque année des centaines de soldats et officiers de Tsahal en Pologne

Rédigé par 'Ami Artsi

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