Chimiothérapie: des chercheurs israéliens parviennent à préserver la fertilité

Publié le 22 Juillet 2013

Chimiothérapie: des chercheurs israéliens parviennent à préserver la fertilité

(Article de Vanessa Lamaire publié le 17 juillet 2013 sur Silicon Wadi, relayé le 21 juillet 2013 sur Israel Valley)

Une nouvelle étude israélienne récemment publiée dans Science Translational Medicine ( Association américaine pour l’avancement des sciences), relate le mécanisme responsable de la destruction des ovules et de l’infertilité se produisant suite à des traitements de chimiothérapie. En outre, l’étude explique que le co-traitement avec l’immunomodulateur AS101 pendant la chimiothérapie a réussi à empêcher des dommages sur la fertilité.

Cette étude a été menée par un étudiant en doctorat Lital Kalich-Philosoph et le docteur Hadassa Roness au Centre de préservation de la fertilité au Centre Médical Chaim Sheba , souvent désigné comme l’hôpital Tel Hashomer (le plus grand hôpital d’Israël), dirigé par le professeur Dror Meirow, en collaboration avec l’Institut de Recherche sur le Sida, le Cancer et l’Immunologie à l’Université Bar-Ilan , dirigé par le professeur Benjamin Sredni.

La chimiothérapie entraîne , malheureusement, des effets secondaires qui peuvent toucher un(e) patient(e) pendant le reste de sa vie, tels que les dommages de l’ovaire et l’infertilité. Cela est particulièrement problématique chez les jeunes patientes atteints de cancer qui doivent subir un traitement de chimiothérapie avant qu’elles n’aient eu la possibilité d’avoir des enfants . Les agents alkylants tel que le cyclophosphamide (Cy), présents dans ce type de traitement, comportent un risque élevé de toxicité pour les ovaires et sont fortement nocifs en termes de risques d’infertilité.

Pendant des années, la recherche médicale et les traitements ont tenté de préserver la fertilité des jeunes femmes atteintes de cancer. Des méthodes telles que la congélation des ovules ou d’embryons, suivie par des traitements de FIV (fécondation in vitro), ou la congélation de tissus ovariens pour la transplantation, après récupération, sont couramment pratiquées, mais ne conviennent pas à toutes les patientes. En plus d’être invasives et coûteuses, ces méthodes ne présentent aucune garantie de succès.

Une bien meilleure méthode de préservation de la fertilité chez les patientes atteintes de cancers serait d’éviter les dommages et les pertes d’ovules ayant lieu au cours d’une chimiothérapie. Pour relever ce défi, le Dr Hadassa Roness et l’étudiant en doctorat Lital Kalich-Philosoph ont utilisé le traitement au cyclophosphamide (Cy) sur un modèle de souris pour démontrer que ce médicament de chimiothérapie attaque les ovaires par un double mécanisme. Il est toxique pour les cellules en division et tue les follicules ovariens en croissance active. De plus, ce médicament active les follicules en sommeil, les incitant à se développer et proliférer, ce qui les rend sensibles aux effets de ce médicament. De cette façon, le traitement au cyclophosphamide (Cy) épuise la réserve ovarienne, conduisant à une insuffisance ovarienne précoce et à l’infertilité.

Le professeur Dror Meirow explique que les ovocytes en sommeil sont la réserve de fertilité d’une femme. Jusqu’à présent, la perte de ces ovocytes a été considérée comme la conséquence directe des effets toxiques de la chimiothérapie et la recherche a été axée sur les moyens de prévenir la mort directe de ces cellules. Cependant, nous constatons que les ovocytes ne sont pas tués par la chimiothérapie, au contraire celle-ci déclenche une vague de croissance de ces cellules en sommeil. Une fois qu’elles commencent le processus de croissance et de maturation, elles finissent en fin de compte par mourir, provoquant ainsi l’épuisement de la réserve ovarienne.

Cette nouvelle compréhension du mécanisme derrière la perte de ces cellules nous a permis de trouver un nouveau médicament qui peut empêcher la croissance des ovocytes en sommeil. Les chercheurs ont testé l’utilisation d’un médicament expérimental appelé AS101, qui a été trouvé pour bloquer l’activation et la croissance des ovocytes en sommeil. Les souris traitées simultanément avec AS101 et le cyclophosphamide (Cy) s’en tirent beaucoup mieux que leurs autres recevant seulement une chimiothérapie. Leurs follicules ovariens primordiaux sont restés en sommeil. Ils n’ont pas commencé leur prolifération prématurée et ont survécu durant le traitement. Par la suite, les souris ayant reçu AS101 avec cyclophosphamide (Cy) ont eu une fertilité normale, tandis que celles traitées seulement avec cyclophosphamide (Cy) ont eu un taux de grossesse et une progéniture bien moindre.

AS101 a été développé à l’Université Bar-Ilan , explique le professeur Benjamin Sredni. Il est actuellement en essais cliniques avancés pour une utilisation chez les patientes atteintes de cancers et de précédentes études ont montré que cela n’affecte pas l’efficacité de la chimiothérapie, et peut même augmenter l’effet du traitement. De nouvelles expériences seront nécessaires pour adapter ces travaux testés sur des souris à des patients humains et confirmer l’efficacité d’AS101 pour la préservation de la fertilité.

La découverte concernant le mécanisme du traitement au cyclophosphamide (Cy) conduisant à la perte de réserve ovarienne est une percée significative qui va ouvrir la voie à d’autres recherches sur de nouvelles méthodes de préservation de la fertilité chez les patients atteints de cancers. L’étude complète a été réalisée en Israël par des chercheurs israéliens et a été soutenu par des subventions de la Fondation Kahn, Israël Cancer Association , le Ministère Israélien de la Santé et l’Institut de recherche en sciences appliquées Jaime Lusinchi . Les participants de ces études ont été récompensés par un certain nombre de prix prestigieux.

Rédigé par 'Ami Artsi

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article